Troisième trail de la saison avec le P’tit Tour des Fiz. Il n’a de petit que son nom, car pour le reste, c’est tout de même plus de 29km au programme pour 2300m de dénivelée sur des chemins par si évidents que ça, mais dans des paysages somptueux. Le grand parcours, le Tour des Fiz avec ces 63km et 5030m de dénivelée, c’est pour les grands et les plus forts.
Le P’tit Tour des Fiz, c’est un départ de Plaine Joux au dessus de Passy. Après une descente vers Charbonnière, c’est la montée raide vers le Désert de Platé en passant par les châlets de Platé puis le col de la Portette. Les grands eux commenceront d’abord par une boucle vers les châlets de Varan avant de revenir sur Charbonnière et monter au col de la Portette. Au col, la première vraie descente nous emmènera vers le refuge de Salles puis à la cascade la Sauffaz. Les grands continueront jusqu’à Sixt-Fer-à-Cheval, monteront au refuge de Grenairon, redescendront au refuge des Fonts pour remonter vers le refuge d’Anterne Alfred Wills. Les petits eux monteront directement au refuge d’Anterne Alfred Wills par le collet d’Anterne. Du refuge encore quelques kilomètres devront être parcourus pour monter au lac d’Anterne puis au col d’Anterne. Il ne restera alors que de la descente pour rejoindre le refuge de Moëde Anterne et Plaine Joux via le Laouchet et le chemin sous le lac de Pormenaz. Pour finir, la ligne d’arrivée ne s’offrira pas si facilement que ça, puisque l’itinéraire descend jusqu’au lac Vert avant de remonter légèrement vers Plaine Joux.
Pour ce trail, nous avons décidé de dormir sur place, à à peine 300m du départ sous la tente, face au Mont Blanc. Sandrine et Raph sont là, ainsi que JL. Sandrine et JL feront le P’tit Tour avec moi; Raph étant un grand fera le Tour complet. Céline essayera de nous suivre tout le long de notre course. Les amis de la Réunion de Sandrine et Raph sont aussi là pour le trail, et les Réunionnais, ce ne sont pas des ptits …
La veille au soir c’est donc Pasta Party pour tout le monde ! Personne n’a réellement d’objectif pour ce trail, Raph se contentant d’un « Je ne suis pas entraîné, on va essayer de finir dans les délais ». En gros l’objectif commun est de se faire plaisir, surtout quand on n’arrête pas de te dire que les paysages parcourus pendant le trail sont magnifiques. Pour JL et moi l’idée sera surtout d’aussi accumuler dénivelée et kilomètres à moins d’un mois de l’échéance.
Le départ du grand Tour a lieu à 6h du mat. Seuls Sandrine et JL ont le courage d’aller supporter Raph et les amis au départ, alors que je préfère rester dans mon duvet, histoire d’emmagasiner un max de repos. Notre départ a lieu à 9h, soit 3h plus tard. Sandrine tremble comme une feuille, alors que JL arbore un large sourire près à en découdre. Sur la ligne, je me fixe enfin la conduite à adopter: suivre Sandrine comme une ombre … sauf si elle décide de se faire la belle. Ce trail est aussi l’occasion d’étalonner mes nouvelles semelles, confectionnées 5j plus tôt … Normalement je ne devrais plus avoir une seule ampoule et je prends le risque de ne pas me mettre comme d’habitude mes 20cm de strap sur chaque pied …
Le départ est donné ! La course commence par une petite descente vers Charbonnière, plus qu’idéale pour chauffer les muscles. Et d’un coup, pan ! c’est un single track pour une montée raide ! Je décide de prendre un coup de fouet, même si je n’en ressens pas réellement le besoin. La sanction est quasi immédiate, mon estomac le refuse, je ne prends donc que la moitié. Tous les trailers sont en file indienne (de nuit la file serait sûrement belle à voir), Sandrine est juste derrière moi, JL est déjà loin devant. La rythme est parfait pour moi, pas trop rapide, pas trop lent, un peu près 800m/h, idéal pour ne pas se griller dès les premiers kilomètres, même si les mollets chauffent bien !
Nous atteignons les châlets de Platé après un peu plus d’1h10 de course, dans un cadre vraiment somptueux avec le Mont Blanc en toile de fond et le désert de Platé qui nous tend les bras. Sandrine ne traîne pas aux châlets, alors que je décide de m’arrêter un peu histoire de boire beaucoup d’eau, mon estomac n’étant pas au top.
La petite descente vers le col de la Portette me donne un premier aperçu de l’agilité de Sandrine dans les descentes. Je ne la rattrape qu’au pied de la montée finale vers le col de la Portette. J’arrive le premier au col après 1h40 de course. Sandrine est juste derrière moi, mais j’ai à peine le temps de la prendre en photo qu’elle enchaîne déjà dans la descente comme une vraie gazelle !
La descente est d’abord raide, en lacets, puis un peu plus roulante. Je peine fortement à rattraper, Sandrine seuls les « bouchons » me permettent de me rapprocher un peu d’elle.Nous doublons plusieurs trailers, le rythme est à priori assez élevé. Je la rejoins enfin sur le plat du Grand Pré avant les châlets de Sales. Nous courons quelques hectomètres côte-à-côte, mais ce plat sonne un peu comme le glas pour moi. Les jambes sont coupées et l’estomac n’est pas au mieux. Arrivés aux châlets de Sales, Sandrine prend à peine un verre d’eau et file direct. Quant à moi, et bien me voilà les mains sur les genoux au dessus des grandes oseilles entourant les châlets … Je décide de prendre mon temps histoire de tout remettre d’aplomb et en profite par la même occasion pour vider ma poche à eau: c’est décidé, je n’utiliserai plus de poudre magique ! Je reste 5 bonnes minutes aux châlets et c’est avec un estomac en meilleure forme que je rattaque la descente. La descente est un poil raide, roulante, parfait pour me remettre en jambe. Je double un trailer au dossard rouge qui fait le grand Tour. Et Raph il en est où ? Bien que la descente soit rapide, je profite tout de même du paysage et des nombreuses cascades qui jalonnent le parcours.
Le chemin longe le Torrent de Sales en même temps qu’il s’aplanit. Les plats ne sont décidément pas ma tasse de thé, la relance est assez difficile. Heureusement cela ne dure pas longtemps car la descente redevient plus raide. Je relance la machine et quelques hectomètres plus loin, c’est l’embranchement: à gauche direction Sixt-Fer-A-Cheval pour le grand Tour, à droite direction Alfred Wills pour le P’tit Tour.
Je pars donc à droite et il n’y aucune transition: la montée est raide d’entrée jeu. Les premiers mètres vont bien, mais le chemin est quand même raide: je suis dans le dur ! Je décide de ne pas trop forcer, ça ira forcément mieux au refuge Alfred Wills surtout qu’un gros ravito m’attend avec du salé et de l’eau gazeuse. Aussi moches soient-ils, les pylônes électriques vont cette fois être mes alliés: deux pylônes marquent le collet d’Anterne. Plus le premier pylône se rapproche, plus Alfred Wills se rapproche. L’arrivé au collet d’Anterne marque l’entrée dans la Montagne d’Anterne, petit havre de paix entrecoupé du ruisseau d’Anterne et surmonté par les imposantes falaises des Fiz. En arrivant au col, je change complètement de monde. La pente se radoucit, le sentier chemine le long de pentes herbeuses jusqu’au ruisseau d’Anterne que l’on traverse via un petit pont de bois. Une toute petite dernière montée et j’atteins le refuge Alfred Wills après 3h40 de course.
Le ravito est là, je vais enfin pouvoir laver mon estomac ! Mais quelle surprise, Sandrine est là: « Raph est 18ème au pointage de Sixt ! Il est trop fort mon doudou ! » Tu m’étonnes … Et dire qu’il ne s’est pas entraîné et que généralement il finit très bien ses courses … Et Sandrine de me relancer « Bon on traîne pas, j’avance comme une tortue, aller on repart ! ». Dans mes plans initiaux, je ne voulais effectivement pas rester trop longtemps ici, mais vu mon état, un bon lavage d’estomac à l’eau gazeuse s’impose quand même. Mais j’ai juste le temps de prendre un verre et deux tranches de saucisson que nous voilà repartis ! Je fais la première bosse vers le lac d’Anterne avec dans une main un verre d’eau et dans l’autre 2 bâtons et 2 tranches de saucisson. La démarche n’est pas très efficace, mais le tout me fait le plus grand bien. J’estime monter à un bon rythme, Sandrine n’est pas trop loin derrière. J’atteins le lac d’Anterne et file vers le col d’Anterne. Tout d’un coup, une fusée verte me dépasse. C’est Sébastien Talotti, le premier du grand Tour. Sa démarche est assez impressionnante: son corps est carrément parallèle au sol, les mains prenant appui sur les cuisses à chaque pas …
Peu avant le col j’ai la gentille surprise de croiser mes parents venus m’encourager ! Je finis la montée avec eux et en prend plein les yeux à la vue de la chaîne du Mont Blanc, plein champ devant moi. J’atteins le col après 4h50 de course. Sandrine arrive 5 petites minutes après: elle n’a plus d’eau ! Aurait-elle oublier les bases au ravito d’Alfred Wills ? Une petite collation, deux trois petites photos au col, un petit au revoir à mes parents qui redescendent cette fois pour de bon vers Sixt, et nous voilà repartis pour la descente vers le refuge de Moëde-Anterne.
Sandrine donne le rythme, et comme à son habitude file comme le vent … « Il ne faut pas que Raph nous rattrape! » me lance-t-elle … Nous rechargeons les gourdes au ravito de Moëde-Anterne et repartons. Sandrine me dit d’y aller. Après tout, pour la première fois depuis bien longtemps, les jambes sont là pour la dernière descente. Alors je la laisse et file dans la descente vers l’arrivée.
En fait la descente commence d’abord par un petit plat vers le Laouchet. A la bifurcation entre le chemin vers le lac de Pormenaz et l’itinéraire du trail, la pente s’accentue d’un coup et file en petits lacets. Je n’en reviens pas, les jambes répondent bel-et-bien présentes, les genoux ne couinent pas, aucune ampoule à l’horizon ! Mon podologue est un dieu vivant ! J’attaque donc plein pot la descente. Au briefing du matin, il avait été indiqué que cette descente présentait des passages escarpés. Effectivement c’est le cas, avec des passages équipés de câbles. Mais c’est ce que je préfère, des chemins raides, techniques. Je remonte un à un plusieurs trailers jusqu’aux châlets du Souay. A partir de là, le chemin raide, c’est fini, maintenant c’est route carrossable. Je rejoins un trailer juste avant le châlet, mais il me dépose dès que nous posons pieds sur la route. Décidément je n’aime vraiment pas ce type de « chemin ». Il faut relancer, alors je relance. Mais bon, c’est quand même bien moins amusant que les chemins raides et escarpés. La descente jusqu’au Châtelet est monotone et me paraît interminable ! Au Châtelet je reprends enfin un petit sentier en forêt. Tout de suite les jambes sont là pour la relance. Je cours jusqu’au lac Vert, mais il me tarde d’arriver. Est-ce la sensation d’arriver qui augmente mon impatience ? Toujours est-il que la remontée vers l’arrivée me paraît extrêmement longue. Je guette le moindre détail qui me permettrait de me situer « On n’est pas sous le camping là ? » me dis-je. « Ah non pas encore ». Et tout d’un coup, je sors de la forêt pour me retrouver sous l’aire de décollage des parapentes ! L’arrivée n’est plus très loin. Un dernier effort et je pourrais retrouver ma doudou. Cette fois la décharge d’endomorphine est faible, mais suffisante quand même pour relancer et passer la ligne d’arrivée en courant.
Il m’aura fallu 6h20 pour faire le tour. Je pensais plutôt mettre 5h30 – 6h, mais j’avais très mal estimé la raideur et la technicité des chemins. Sandrine arrive tout sourire 10min derrière moi. Son honneur est sauve, son doudou ne l’aura pas rattrapé ! D’ailleurs, Raph, il en est où ? « 10ème au pointage d’Alfred Wills ! ». J’en étais sûr, il a accéléré … Nous retrouvons JL, arrivé une bonne heure plus tôt. Lui aussi il envoie.
Les premiers concurrents du grand Tour arrivent au compte goutte. Le 3ème, le 4ème, le 5ème, le 6ème, le 7ème. Raph ne doit pas être trop loin, je file à sa rencontre et le vois arriver sous l’aire de décollage des parapentes. Il avance vite le saligot ! Une petite heure que je suis arrivé, 30km de moins dans les pattes et j’ai peine à le suivre ! « C’est l’endomorphine » qu’il me dit … Non je crois pas, t’es trop fort c’est tout ! Il passe la ligne après 10h25 de course, loin de son objectif de 12h. Dire qu’il ne s’est pas entraîné, qu’il avait oublié ses semelles orthopédiques et qu’il a couru 1h sans flotte … Ouais … Tout simplement trop fort !