A la base nous étions partis pour un petit raid de 3j autour du Grand Paradis avec pour la première nuit, un couchage prévu au bivouac d’Ivréa, de l’autre côté du col du Grand Paradis. Malheureusement, les choses ne se sont pas du tout passées comme prévu …
Nous sommes donc partis de Pont à 11h. Première constatation, il y a bien plus de neige ici qu’en France. Nous remontons le vallon de Séiva mais au bout d’un moment, un premier doute s’installe: normalement nous aurions dû quitter ce vallon pour monter vers le refuge Victor Emmanuel II. Mais aucune pente « skiable » ne nous a sauté aux yeux. Après une vérification sur la carte, nous décidons de continuer dans ce vallon et de monter au col par le glacier de Monciair. D’après la carte, c’est plus long, mais ça passe sans soucis. Sur le terrain, l’itinéraire ne ne s’avère pas long, mais vraiment très long ! Après une pause au col entre le glacier de Monciair et le glacier de Montcorvé, nous atteignons le col du Grand Paradis à 18h, les 50 derniers mètres se faisant skis sur le dos, faute de neige. L’heure est tardive, et pour ma part le physique bien atteint, la fatigue étant là. Nous nous posons alors la question de descendre au refuge Victor Emmanuel ou de descendre comme prévu au bivouac d’Ivréa. La luminosité baisse, mais la distance est équivalente, nous entamons donc la descente vers Ivréa.
La descente est d’abord assez plate, puis nous atteignons un joli petit couloir avec une pente à 40°. Le bivouac Ivréa doit alors être dans le coin. Il ne fait plus grand jour, nous cherchons, cherchons, mais à part quelques rochers, rien ne ressemble à un abri. Après consultation de la carte, il nous apparaît fort probable que nous nous sommes trompés de vallon ! Nous décidons alors de continuer à descendre. Nous ne savons pas exactement dans quel vallon nous nous trouvons (il fait nuit, il nous est impossible de nous repérer), mais d’après la carte, tous les vallons débouchent. Pendant la descente, nous trouvons une rivière salvatrice qui permet de remplir nos gourdes vides. Nous continuons à descendre et tombons sur un panneau ! Nous arrivons enfin à nous repérer sur la carte. A priori le vallon dans lequel nous sommes débouche sans problème, alors nous continuons à descendre. Nous tombons alors sur une ruine qui pourrait éventuellement nous servir de bivouac, mais les courants d’air y sont légions nous continuons donc à descendre. Après un replat, d’après la carte un chemin d’été remonte et redescend au dessus de barres rocheuses. Par sécurité, nous décidons de ne passer par cet itinéraire et de descendre le long d’un ruisseau qui d’après la carte ne se transforme pas en cascade … Mais la réalité du terrain est tout autre, la rivière chemine le long d’un canyon rempli de glace et bien trop dangereux pour s’y aventurer la nuit. Après quelques tergiversations, nous décidons alors de remonter à la ruine pour nous restaurer et nous reposer pour ensuite rechausser les skis, faire le chemin inverse pour revenir au col du Grand Paradis puis redescendre à la voiture.
Nous atteignons la ruine à 21h, sortons les couvertures de survie et faisons tourner les réchauds. Pour ma part, mon physique est vraiment bien entamé, cette pause est la bienvenue. Au menu ce soir, toutes les vivres prévues pour 2 nuits: cacahuètes, saucisson, soupes à la tomate, semoule épicée à la tomate (home made by Cédric). Cédric, Julien et moi essayons de fermer l’oeil pendant qu’Arnaud s’active pour faire chauffer de l’eau et faire du thé. 1h30 plus tard, la température est bien descendue, le froid se fait de plus en présent. Nous repartons donc en suivant nos traces (sans doute les seules à 20km à la ronde …). Nous remontons le couloir en crampons. Cette montée sonne comme le glas pour moi, la fatigue est omniprésente, le froid s’est installé, chaque pas est de plus en plus pénible. Heureusement Arnaud est là pour me bouger. Au sommet du couloir, nous nous encordons et Julien a la lourde tâche de se retrouver devant moi … donc de me tracter … Nous remontons vers le col du Grand Paradis au lent rythme de mes innombrables mini pauses. Arrivé sous le col, je ressemble plus à un pantin qu’à un skieur. C’est alors Cédric qui se charge de me faire monter ces 50 derniers mètres en crampons. Je ressens l’arrivée au col comme une vraie délivrance, il ne reste maintenant plus que 50m de descente à pied, puis qu’à se laisser glisser en suivant nos traces de montée jusqu’à la voiture.
La lune éclaire faiblement la nuit. De jour cette descente devrait être sympa. Nous trouvons de la bonne neige poudreuse sous Ciarforon mais plus loin, la traversée pour atteindre le vallon de Séiva est interminable. Heureusement les pentes sous la Denti Del Broglio sont poudreuses dans un premier temps, puis carton un peu plus bas. Le reste de la descente dans le vallon de Séiva est vraiment interminable, le jour se lève peu à peu et c’est aux aurores que nous arrivons à la voiture, à l’heure où d’autres randonneurs sortent de la voiture pour s’équiper pour leur journée de ski …