Aujourd’hui marque un petit tournant dans l’année 2010: le 1er trail de la saison 2010, le Trail du Gypaète, 1er du nom a lieu aujourd’hui ! Le Trail du Gypaète, c’est 69km le long des villages du Faucigny et de la vallée de l’Arve, via les Aravis et le Bargy: Nancy-sur-Cluses, Romme, le Reposoir, l’alpage de Méry, le col des Annes, le Chinaillon, l’Aiguille Verte, la Pointe d’Andey, Brison, Malatrait, Mont Saxonnex, le lac Bénit, Marnaz, Thyez et enfin une arrivée à Cluses sont au programme. Pour moi la course se fera en relais, avec Ludo. Donc au programme 29km pour moi de Nancy-sur-Cluses au Chinaillon, Ludo se faisant les quelques 40 derniers kilomètres jusqu’à Cluses.
Pour ce premier trail, l’objectif que je me suis fixé est un peu aventureux mais il devrait permettre de me situer quand à l’avancement de ma préparation: partir fort au départ jusqu’à Romme, gérer dans la montée vers Méry, voir ce que je suis capable de faire dans les derniers kilomètres vallonnés (mon point faible) jusqu’au col des Annes puis au sommet du Maroli et enfin descendre jusqu’au Chinaillon, descente qui à priori ne devrait pas être trop compliquée. Objectif horaire: mettre en 1h30 et 2h pour rallier le Reposoir, puis entre 4h30 et 5h pour finir au Chinaillon.
Le départ a lieu à 6h. Je pars donc vite … trop vite ! Le départ est en bitume, plutôt roulant, trop roulant pour moi. Première constatation les jambes ne sont pas au mieux, le petit déjeuner n’est pas encore digéré. Changement de tactique, je sors les bâtons et me prends un coup de fouet ! Le temps que tout se remette d’aplomb.
Au bout de 2km, la pente salvatrice arrive: nous sortons de la piste forestière pour attaquer un chemin plutôt boueux et surtout raide. Le coup de fouet mêlé à une pente raide et me revoilà reparti ! Je monte à un bon rythme. La pente s’adoucit, et petites descentes et petites montées s’enchaînent. Je prends les pas d’un premier trailer qui court à un rythme qui me va extrêmement bien. Puis je suis une féminine. Arrivé à Romme, Ludo est là pour m’encourager, les jambes fonctionnent bien, le parcours est sympa, tout roule ! Le chemin descend puis remonte légèrement et enfin redescend fort jusqu’au Reposoir.
Ludo est encore là, la prochaine fois que je le verrai, ça sera au Chinaillon. Il m’aura fallu 1h28 pour atteindre le Reposoir, alors que je m’étais fixé 1h30. Tout roule donc, sauf l’estomac qui couïne un peu, mais un ptit coca et ça repartira ! Malheureusement, petite déconvenue, le ravito n’est pas pourvu en boisson gazeuse … Mon estomac n’aura alors droit qu’à du salé et de l’eau.
La route continue vers le Carmel du Reposoir. Cette petite pause ravito puis le bitume sonne comme une alarme pour mes pieds: des ampoules commencent à pointer le bout de leur nez et ces satanés compeed n’ont rien protégé ! (pourtant je savais bien qu’il ne fallait jamais essayer de nouvelles choses sur une course …) Petite pause strap donc au bord de la route. 6 ou 7 trailers me passent devant, soit autant de trailers à me demander si tout va bien. L’esprit du trail tout résumé en une petite pause ampoules … Mes pieds bien protégés, je repars sur ce bitume, certes court mais qui pour moi n’en finit pas. Je prends le pas d’une personne plutôt âgée, qui tient un bon rythme, bien régulier. Ce trailer doit au moins avoir 70 ans ! mais avance comme un jeune de 20 ans ! Il me remet dans le rythme et entrés dans la forêt sur un sentier plus étroit, il me laisse passer, prétextant que j’irai plus vite que lui. Je me passe donc devant lui en le remerciant. Je n’apprendrai que 2 jours plus tard que j’ai suivi les pas de Werner Schweizer, l’une des légendes du trail !
La montée doit mener aux châlets de Méry. La pente est forte, très forte même, mais cette pente est parfaite pour moi ! J’avance à un bon rythme, aucun besoin de gérer. Tout roule, la Pointe Percée commence à pointer le bout de son nez. On est dans le trail, perdu dans la montagne, loin de tout, que du bonheur ! A Méry, le soleil a fait son apparition et tape déjà fort. Une arrivée d’eau est là pour nous rafraichir. Impossible de repartir sans admirer le paysage. Les moutons ont fait du bon boulot, la Pointe Percée est encore bien enneigée et là bas, tout là bas il y a le col des Annes …
Le parcours menant au col des Annes ne m’est à priori pas trop favorable avec un enchaînement de petites montées et descentes. Mon « juge de paix » m’attends, mais les jambes sont là, tout devrait bien se passer. J’attaque donc par une petite descente vers le châlet de Marto. Et là je m’aperçois que Werner Schweizer m’est passé devant à Méry, incroyable ! Je le passe dans un passage un peu technique, tel un bouquetin. Arrivé au châlet de Marto, tout va bien … sauf cet estomac qui se met à couïner de plus en plus… Une petite descente est en approche, bien roulante. Les jambes sont là, mais pas l’estomac. Pourtant je bois, je mange … Et puis je bois et là je commence à comprendre: le liquide de ma poche à eau ne passe pas et me retourne l’estomac à chaque gorgée ! Il va donc falloir commencer à gérer et boire régulièrement sans mettre l’estomac en vrac. « Heureusement » ci et là des ruissellements dus à la fonte des neiges me permettent de boire un peu d’eau. Et puis les bénévoles sont là tout le long du parcours et ne cessent de nous encourager: « aller, 50m de descente un peu glissante et derrière c’est la montée vers le col des Annes ». La montée vers le col des Annes… la dernière montée ! Déjà 21km, le soleil qui tape et l’estomac qui fait des siennes … Le coup de moins bien se fait sentir, mais le paysage et la sensation d’arriver remontent le moral. J’atteins au final assez rapidement le col des Annes. Un oeil sur la montre me dit que je suis dans les temps que je m’étais fixés. Le moral revient au beau fixe. Une petite pause paysage, un petit sms à la Doudou et au Ludo pour annoncer mon arrivée proche, une petite barre et ça repart !
L’arrivée est à encore 7km avec une belle descente sur le Chinaillon après une traversée vers la Clef des Annes puis vers le sommet du Maroli. Malheureusement, cette traversée sonne le glas pour moi. Impossible de repartir sur un rythme régulier et des maux commencent à se faire sentir: plus trop de jus dans les cuisses et les épaules et le dos qui me tiraillent. Je décide donc de gérer jusqu’au sommet du Maroli en espérant reprendre des forces pour la descente. Malheureusement la traversée n’est qu’une succession de faux plats, impossible de tenir un rythme régulier. Werner Schweizer est toujours là, encore et toujours sur un même rythme régulier …
La descente vers le Chinaillon s’annonce enfin. Je décide de ranger les bâtons et de filer vers le Chinaillon. Mais 500m suffisent à me rendre compte que les bâtons me seront finalement indispensables. La descente est une piste caillouteuse qui me fait mal de partout: mollets mais surtout dos et épaules … et toujours cet estomac qui fait des siennes … Impossible de courir plus de 500m …
Heureusement le Chinaillon approche, le sentiment d’arriver et de lancer Ludo redonne des forces. Doudou et Ludo sont bien là à la Mulaterie. Je passe le relais à Ludo après 4h38 de course et lui souhaite bon courage: je crois qu’il lui en faudra au vu de ce qui l’attend et surtout vue la chaleur.
Après un bon massage salvateur de ma Doudou, je pars encourager le Ludo. Je me poste à Brison et attends une petite heure avant de le voir arriver. A priori en plein forme, malgré cette chaleur. Apparemment la descente de la Pointe d’Andey n’était pas des plus sympas …
Peu de temps après Ludo arrive à Mont Saxonnex, les traits plus tirés … Encore 17km, qui vont paraître très longs …
Après un départ à 6h et 69 km, Ludo arrive sur le stade de Cluses, et apparemment il n’a pas trouvé ce trail si dur, vue la manière dont il boucle son petit tour de stade …